Plaisirs félins

Comme c'était bon, de courrir librement dans l'herbe! Lancée à pleine vitesse, j'agrémentais ma course de plusieurs bonds impressionants, arrêts fulgurants, zig-zag ahurissants et détours surprenants. Je ne m'entrainais pas, non, pas du tout. Je m'amusais, sans plus. Même lorsque j'étais seule, je ne m'ennuyais jamais. La moindre chose m'amusais: simuler une attaque par un brin d'herbe, courrir après une plume, même jouer avec ma queue. Bien des Suffering trouvaient mes agissements enfantins et je devais leur accorder que ce n'étais pas très mature. Pourtant, je ne pouvais rester sérieuse éternelement, j'avais de la difficulté à supporter l'ennui et il m'arrivais de déborder d'énergie. Ces trois causes combinées donnaient des journées comme aujourd'hui: je faisait la folle dans la plaine. Je m'arrêtais soudainement, tournant brusquement la tête dans une direction. Il n'y avais rien, mais j'avais envie de faire comme si. Je me mettais en position de combat, essayant de parraître le plus intimidant possible, puis poussait le rugissement le plus terrifiant que je pus. Je ne faisait certainement pas partie des animaux à craindre, mais j'étais plus que capable de faire hésiter un adversaire. Je comptais aussi sur la surprise dûe au fait que mon visage était habituellement souriant, pas agressif. Mais c'est une autre histoire, retournant dans le présent. Je me suis assise dans le gazon, un sourire satisfait sur les lèvres. Je suis un peu essoufflée, mais je me sens mieux. Plus sereine et plus calme, je peux plaire à plus de mes compagnons Suffering. Ils n'apprécient pas mon côté charmant, mais lorsque je me montre sérieuse et que je m'affirme, le courrant passe généralement mieux. Si l'un d'eux m'a vue, par exemple, je risque d'avoir de la difficulté à remonter dans son estime. Lors de cette rencontre, du moins.